Si la filière footbalistique est dans un état inquiétant, d’autres fédérations sportives ne se portent pas mieux. Eclairage avec Abderrahim Rharib, spécialiste de la gouvernance sportive.
Rappel des faits
2014 s’annonce difficile pour le sport marocain. En novembre dernier, la Fédération internationale de basketball (FIBA) a suspendu la Fédération royale marocaine de basketball (FRMBB). Le couperet tombe après plusieurs mois de conflits entre les dirigeants de ce sport. L’intervention du MJS est interprétée comme une ingérence directe de ce département dans la nomination d’un comité provisoire et ce, sans informer la FIBA. Le rugby national s’enfonce dans une crise sans fin. La liste peut s’allonger. Le sport marocain est miné par des enjeux de pouvoir, le manque de transparence et l’incompétence de certains dirigeants. Mohammed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des sports voulait mettre de l’ordre dans cet environnement chaotique. Au début de l’année, il avait fait le constat suivant : « Nous avons trouvé que 15 fédérations sur 45 ne travaillaient pas dans la légitimité. Ce chiffre a été porté jusque-là à seulement 3. Aujourd'hui, il s'agit de passer à l'acte pour entamer une construction de fond, retrouver les gloires d'antan et conquérir de nouveaux titres pour le sport national ». Au final, la politique offensive d’Ouzzine n’a pas porté ses fruits. Seules quelques fédérations (cyclisme, l’athlétisme, boxe, etc.) continuent d’évoluer dans un environnement plutôt stable. On devra dont attendre longtemps avant de voir le bout du tunnel…sportif.
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Entretien
Abderrahim Rharib, Enseignant chercheur à l'ENCG Casablanca et spécialiste de la gouvernance sportive décrypte pour L’Observateur du Maroc, cette situation.
« Des dirigeants sportifs se sont comportés en voyous »
Comment expliquer la situation actuelle ?
Paradoxalement, quand le problème du financement a été résolu, du moins pour le sport de haut niveau, les résultats sont médiocres. En effet, à l’exception des bonnes prestations footballistiques des équipes nationales des jeunes et du Raja de Casablanca, l’année 2013 ne nous fera certainement penser à aucun exploit particulier. Au moment où la chanson de bonne gouvernance a été popularisée, la réalité de la gestion de la chose sportive est devenue, le moins qu’on puisse dire, décevante. C’est, en effet, le tâtonnement et l’absence de vision qui continuent à être les maîtres de la situation.
Pourtant le ministère de la jeunesse et du sport a tenté de mettre de l’ordre dans la gestion sportive…
La politique du ministère de tutelle, s’il en a une, présente une rupture, comme il est de coutume, avec les politiques précédentes faisant ainsi dépendre le sport national d’une gestion capricieuse qui est le fait de personnes et non d’institutions. C’est un ministère qui paraît très fort dans sa relation avec les « petites » fédérations et dépourvu de toute autorité quand il a affaire à la FRMF et la FRMA.
Que retenir de l’année 2013, sportivement ?
Ce qui a marqué l’année passée est le hooliganisme des dirigeants des clubs. Des dirigeants qui se sont comportés en voyous à l’occasion de l’AG de la FRMF contribuant ainsi l’évaporation du peu de crédibilité qu’avait cette instance.